11 mai 2020

Journal de déconfinement

En ce premier jour de déconfinement, le soleil a lui décidé de rester confiné. Je traverse le pont levant et il y a déjà plus de monde que ces derniers jours, les voitures circulent beaucoup plus et quelques bateaux sont de sortie.

Les affiches électorales des municipales ont été recouvertes par des affiches de la CGT et les informations de la ville annoncent désormais la phase de déconfinement.

On constate un début de retour en centre-ville par le monde dans les rues un lundi, et ces parkings désertés ces derniers temps qui se remplissent à nouveau.

Sur le port, un homme est en train d’accrocher sur les portails fermant les pannes des affiches donnant les nouvelles directives.

Derrière les rochers, quelqu’un se cache pour fumer une cigarette alors que désormais nous pouvons nous passer de ces attestations signées par nous même. Malgré tout le bilan à Martigues aura été qu’aucune de nous deux n’a jamais été controlée durant la période de quarantaine.

La rue est une sorte de bal masqué, auquel se mélange ceux qui n’en portent pas.

Devant chez certains opticiens des bandes ont été tracées sur le trottoir afin de délimiter le périmètre de chacun.

Les bars et les restaurants n’ont toujours pas obtenu le feu vert pour réouvrir, alors en attendant, certains font un peu de ménage et aèrent les espace restés clos depuis mars.

Aujourd’hui c’est devant chez les coiffeurs qu’on trouve le plus de monde, il y a la queue pour y rentrer tandis qu’à l’intérieur certains sont déjà en train de se faire une beauté.

Chez nous aussi on a tenté une visite chez le coiffeur, c’est Céline de l’Espace Calixe qui me reçoit, les coupes courtes c’est compliqué au bout de 55 jours de confinement.

Céline a tout organisé pour pouvoir accueillir de nouveau ses clients, elle porte un masque, une visière et coupe les cheveux avec des gants. Pour y aller, le port du masque est obligatoire, il faut arriver avec, et une fois sur place mettre une paire de gant, elle fournit une blouse jetable et des serviettes jetables également. En attendant un retour à la normal, on ne peut plus boire un café chez son coiffeur ou consulter les magazines, mais on peut ressortir avec une coupe de cheveux qui fait du bien au moral.

Pour respecter le protocole COVID, les coiffeurs doivent prendre moitié moins de clients et fournir certaines protections, la reprise est là, mais dans quelles conditions ?…

Petit à petit, de nouveaux restaurants proposent des plats à emporter comme Le Diplo qui a désormais deux entrée, une côté tabac, et un côté brasserie. Je m’y arrête pour demander s’ils ont des masques, ils n’en ont pas reçu, alors que les tabacs étaient les premiers sur la liste de ceux qui devaient avoir l’autorisation d’en vendre… Ils devraient arriver mais pas avant la semaine prochaine.

Aujourd’hui si on veut trouver des masques il faut aller dans les supermarchés.

C’est lundi et pourtant des commerces qui ne sont jamais ouverts ce jour là le sont, le confinement a été long et on sent que le plus tôt sera le mieux pour la réouverture.

L’Argonaute a réouvert ses portes et on peut désormais aller y choisir ses BD sans passer par le drive, même si ce dernier reste en place.

En rentrant, le pont levant est rempli de voitures, la vie reprend. Devant le Baz’Art la vitrine est en court, et on peut lire sur la porte “Masque obligatoire”.

Depuis le début du confinement, beaucoup parle d’autre monde, de nouveau monde, du monde d’après, allons-nous nous contenter du monde que l’on nous offre désormais, un monde fait de distanciations sociales, de masques à travers lesquels on ne voit désormais plus le sourire de l’autre ? Serons-nous heureux comme des poissons dans l’eau dans ce nouveau monde, prêts chaque jour à faire un tour de bocal comme une remise à zéro, pour recommencer, la même journée que la veille.

Le quai des Girondins n’aura pas désempli de la journée, à Carrefour on fait ses courses avec des masques et des gants et le mystère de ce rayon “poêle à frire” vide reste entier.

À la caisse les nouveaux arrivants dans ce monde devenu fou ne savent pas vraiment comment s’y prendre, découvrant les bandes sur le sol, ne sachant pas à quel moment il faut s’approcher des caisses, un peu de panique dans le regard à la vision d’une queue qui s’étend sur plusieurs mètres. Le confinement laissera des séquelles, le déconfinement aussi, seul le temps nous dira lesquelles.

Ce soir à 20h, plus de concert de casseroles, plus d’applaudissements, quelle discipline !

Anna Bambou