12 mai 2020

Journal de déconfinement

Aujourd’hui, c’était le grand jour pour la réouverture de beaucoup de commerces, on avait déjà entendu les rumeurs sur les files d’attente devant chez Zara à Marseille, les queue d’1h pour manger un McDo, les queues à l’extérieur des magasins dans l’espoir de pouvoir entre chez Leroy Merlin ou Action… Alors on se demandait à quoi allait ressembler cette première journée en ville.

Sur les canaux, sur l’étang les bateaux sont de sortie, certains naviguent en toute tranquillité tandis que d’autres se prennent pour des hors bords.

Je me dirige vers la navette fluviale comme à mon habitude, j’attends le bateau, lorsqu’il arrive deux hommes masqués me demandent si j’ai un masque, je leur dis non et ils me répondent que je ne peux pas monter. Je fais donc demi-tour et je mets en route la machine à question…
Alors désormais c’est ainsi, le port du masque devient obligatoire dans certains cas alors que durant 55 jours je prenais ce même bateau sans masque, sans conducteurs masqués, sans passagers masqués… Je retourne en direction du pont levant, j’attendrais que la mode COVID passe de mode pour reprendre le bateau.

C’est assez fou comme les choses basculent du jour au lendemain depuis quelques temps. Le gouvernement pousse le bouton “ON”, tout le monde se met sur “ON”, idem avec le bouton “OFF”.

Je prends le pont levant, je sens quelque chose d’inhabituel, une vague de gasoil s’engouffre dans mon nez, la vie reprend ses droits dans le centre-ville.

Lorsque j’arrive rue rue Lamartine, il y a un monde fou, je n’avais pas vu ça depuis le dernier week-end avant Noël !
Les commerçants semblent heureux de se retrouver, beaucoup sont sur le pas de leur boutique, dans les boutiques de vêtements, on essaie de nouveaux vêtements, une queue perpétuelle est en place sur le côté de la boutique Varié-Thé, même chose chez les coiffeurs !

L’activité est dense et perturbante après cet arrêt total de presque toute activité, désormais ce sont de nouvelles habitudes qui se mettent en place, désinfection régulière, masques, limitation dans les boutiques à un certain nombre de personne, gel hydro, et surtout chacun fait comme il peut car les explications sur la gestion dans les boutiques par les boutiques restent assez floues… ce qui est obligatoire, conseillé ou interdit.

En parlant de ce fameux gel qui est en train de détruire les mains de tout le monde… j’entre dans une pharmacie pour acheter un flacon et je demande à la pharmacienne “Est-ce que votre gel est virucide et fongicide ?”, un ange passe… elle n’en dira rien mais il ne l’est pas, car presque tous les gels vendus actuellement ne sont que anti-bactérien.

Je m’éloigne un peu de la ville, je retourne sur le chemin que j’empruntais pendant le confinement, aujourd’hui je n’y croise presque personne. Les poissons s’amusent à faire des ronds dans l’eau, au loin un voilier prend l’air au large de l’étang. Je me demande si l’eau restera claire, si les thons reviendront nager dans les canaux, si l’on va de nouveau s’habituer à l’odeur de la pollution sans même que l’on s’en rende compte.

Je fini par retourner dans la ville, il y a toujours autant de monde, dans la rue ils tournent 50 nuances de masques. Il y a ceux qui pensent que le port du masque dispense de respecter l’espace vital de chacun, le port du masque se fait parfois de façon traditionnelle, mais la version sous le menton remporte un franc succès, quand le masque à main devient tendance.

Des jeunes se réunissent pour une journée shopping, baladent avec un arrêt pour manger une glace.

À L’Arche des Fromages, Danielle et Joelle accueillent désormais leurs clients le matin et l’après-midi, elles portent toute les deux un masque mais Joelle me dit que travailler avec des gants ce n’est pas pratique du tout alors elles utilisent le gel hydroalcoolique en quantité.
En fait on fait la queue partout où on va, comme avant sauf qu’avant ça ne se voyait pas car nous n’étions pas tenus à des distances entre nous.
Vert’Tige, le fleuriste de la rue Lamartine a réouvert, on va de nouveau pouvoir apporter un peu de couleurs dans nos intérieurs.

Les enfants sont de retour dans certains espaces de jeu, au bord de l’eau on organise des apéros non clandestins de 10 personnes maximum, et désormais on peut sortir sa poubelle sans attestation dérogatoire faite par nos soins.
Qui a connu l’oubli de l’attestation en sortant la poubelle ?

Le confinement est terminé, les travaux du pont levant vont bientôt reprendre et aujourd’hui, nos besoins premiers étaient la consommation et la socialisation.

Anna Bambou