
18 mars 2020
Journal de confinement
Hier soir c’est la première fois que sous nos fenêtres nous n’entendons pas un seul bruit de voiture.. Imaginez, Martigues, le quartier de L’île dont on doit faire le tour 3 fois avant de pouvoir trouver une place de parking est devenu hier en début de soirée l’île silencieuse…
En errant sur le net je trouve un article qui parle des lyonnais qui mettent tous les soirs des lumignons à leurs fenêtre, je sors les miens… il va falloir faire des stocks de bougies ?



Aujourd’hui c’est la première belle journée depuis le début du confinement total, le ciel est bleu, il fait beau, le vent est enfin tombé… Ces journées là, on les attend tous ici, et en général on a de la chance car ça arrive toujours un peu plus tôt que dans le reste nord de la France (au dessus d’Avignon, c’est le nord).
Je traverse le pont bleu, je me dirige vers mes quelques objectifs du jour, on a pas vraiment le temps de profiter du soleil, de la douce chaleur… Non, quand on sort je fais plus vite qu’à mon habitude, même plus vite que ces deux derniers jours.
Je traverse le désert de la Place Jean Jaurès et la rue Denfert, les rues perpendiculaires sont tout aussi vides… Les mouettes et les gabians ont repris leur territoire aux humains, la plage.
Il faut arriver sur la promenade au bord de l’étang pour croiser quelques passants qui promènent leurs chiens, marchent, courent, cocher la mention obligatoire…
Deux femmes se parlent assises sur des rondins en bois, l’une et l’autre sont à deux mètres de distance, on se dit bonjour sans se connaître.


Devant la piscine municipale fermée je croise un passant qui m’observe avec ses blessures de guerre, il me laisse le photographier avant de me tourner le dos.

À la caisse de Carrefour Contact, les caissières ont tissé une toile de protection avec du film plastique. La scène a-t-elle déjà été représentée dans un film d’anticipation ?
Dans les rayons il manque surtout les pains au chocolat, brioches et autres douceurs du petit déjeuner, mais le reste du magasin est loin d’être vide face aux infos et intox qu’on peut voir à longueur de journée sur les réseaux sociaux.
Quand on ne trouvera plus de pâtes, on pourra essayer les lentilles, le quinoa, le boulgour, on devrait s’en sortir, l’ennemi ce n’est pas la faim.

En face, chez Olympic Primeur, je demande si je peux prendre une photo, Justine me répond “Oui, avec ou sans l’attirail ?”. Elle a mis en place un service de livraison, mais elle a aussi proposé à d’autres commerçants de laisser quelques petites choses à vendre pour eux comme Céline de Fleurs de la Passion qui y a déposé des plantes. Ce qui est assez joli c’est cette solidarité qui s’élève dans ce climat chaotique.
Sous le masque, Justine sourit.

En passant devant la vitrine d’Optica, l’opticien de la rue de la république, je me dis qu’il va falloir attendre encore un peu avant d’y voir clair…

J’ai lu quelque part que l’eau de Venise était en train de redevenir claire, qu’on pouvait y voir les poissons nager, quant aux cygnes, ils seraient de retour. En Sardaigne, des dauphins nagent dans le port de Cagliari. Aujourd’hui, à Martigues j’ai vu plus d’animaux que d’êtres humains si on compte le gang de mouette que j’ai croisé sur la plage.
Si, comme le dit la rumeur, tout ce bordel vient d’un Pangolin qui aurait été mangé par un humain, on peut se demander si la nature ne serait pas en train de reprendre ses droits.