27 mars 2020

Journal de confinement

Au début dans la rue il y avait une forte odeur de cuisine très tôt dans la journée, au bout d’une semaine on ne sent plus cette odeur caractéristique d’ail et de tomate en train de cuire. En passant dans la rue ça sent le tandoori qui émane du Taj Mahal.

En marchant sur le quai, je me dis que j’ai hâte qu’il fasse plus chaud pour qu’on puisse sentir de la vie aux fenêtres et dans les maisons…

Au fur et à mesure des jours qui passent ce sont à peu près les mêmes choses, les restaurants et les bars indiquent qu’ils sont fermés, les boutiques aussi et on sent qu’il y à longtemps que personne n’est entré à l’intérieur.

Je croise deux jeunes filles qui courent.

Au loin j’aperçois du monde avec des poussettes à la pointe San Crist, tout le monde commence à avoir besoin de sortir après que certains se soient enfermés 8 jours sans discontinuer. Comment ne pas devenir fou ?

Aujourd’hui le gouvernement a annoncé la durée totale du confinement, il est prolongé de 15 jours, et porte donc à un fin au 15 avril.Vous y croyez vous ? Moi non. Est-ce qu’on nous balade de 15 jours en 15 jours, pour mieux faire passer la pilule ?

Pendant ce temps le CGT Services Publics a posé plusieurs préavis de grèves pour le mois d’avril.

Hier Marianne se promenait dans le quartier quand elle a croisé une femme qui portait une écharpe en guise de masque. Cette dernière s’approchait des gens dans leurs dos et se mettait alors à tousser. Pourquoi cette agressivité ordinaire ? Le confinement n’arrange rien…  Pourtant quelques instants auparavant elle a rêvé que tout ça était fini en voyant ce Père Noël sur le toit …

Aujourd’hui je vais pas très loin à moins d’un kilomètre du périmètre autorisé, je fais le tour de mon quartier parce que j’ai aujourd’hui pris du temps pour moi et pour faire des plantations sur mon balcon.

Plus loin je croise à nouveau les deux jeunes filles qui couraient tout à l’heure, on fait tous pareil, on tourne en rond dans notre prison de luxe. Un contraste s’installe entre ce quotidien en huis clos et la situation alarmante dans le monde.

Au début je me dépêchais lorsque je sortais, aujourd’hui, j’arrêté, je sors à mon rythme.

Radio Londres : la médiathèque a mis à disposition des attestations déjà imprimées pour ce qui ne peuvent pas le faire chez eux, pour ceux qui n’ont plus d’encre, ceux qui n’ont plus de feuilles.. Il faut dire que nous n’avions pas prévu de devoir utiliser autant d’encre et de papier… On sauve peut-être des vies, mais pas les arbres.

Ce matin je lis que la couche d’Ozone est en train de guérir, ça au moins on ne peut pas dire que c’est la théorie du complot.

La gendarmerie veille même sur les canaux de Martigues ces jours-ci…

Je passe entre deux voitures en touchant légèrement les rétroviseurs, je pense à ces soignants qui reçoivent sur leurs pare-brise des messages leur demandant de se garer plus loin pour ne pas contaminer les voitures. Mais laisser ses gants par terre en pleine rue ça c’est pas un problème… L’être humain est parfois abject.

Devant le miroir aux oiseaux je croise un embouteillage, il est 18h, c’est l’heure de pointe pour décharger les courses. À pied, un homme promène son chien, il en profite pour prendre une photo.

Aujourd’hui la ville a installé des tentes dans le gymnase Marcel Pagnol pour y ouvrir un centre consultation, l’ouverture est prévue le 31 mars. Je regarde la plage au loin, je me dis que j’aurai besoin de prendre l’air au-delà des murs.

Anna Bambou