


2 avril 2020
Journal de confinement
C’est vendredi, il fait beau et chaud.
Sur le toit de l’immeuble la vie annexe prend définitivement ses marques, une famille, toujours la même passe de longs moments sur leur toit terrasse, lunettes de soleil, chapeau de paille, je les imagine derrière le mur qui les abrite avec une serviette de plage posée sur le sol, parfois de chez moi j’entends leur présence sur le toit car les enfants semblent courir dans leurs escaliers.
À côté, il y a quelqu’un que l’on ne voit jamais, on entend juste sa musique, les basses surtout. Souvent ses volets sont à demi fermés, je ne l’ai vu qu’une seule fois.
Sur le quai de l’île les pêcheurs rangent leur matériel, ils ont lancé un appel car ils ont du poisson. On oublie souvent que Martigues est un ancien village de pêcheur et ce n’est pas parce que nous n’avons pas de poissonnerie en ville que les pêcheurs sont absents.







En me dirigeant vers Carrefour Contact, je passe devant une pharmacie, les ordres sont clairs, si tu tousses c’est la file en bas de la rue, si tu tousses pas c’est en haut. Il faut aussi prévoir autre chose que de la monnaie… d’ailleurs au début du confinement, quand il me restait quelques billets je me suis sentie plusieurs fois mal à l’aise face au regard de certains commerçants qui ne semblaient pas ravis par ce mode de paiement.
Je vais faire des courses pour le week-end, dans le magasin il y a un peu plus de monde que d’habitude. En attendant au rayon boucherie, je discute avec une vieille dame, on parle jambon, foie de veau, elle me dit qu’elle n’a pas les moyens de stocker et puis surtout elle ne peut pas porter trop de choses, alors tant pis, elle doit venir plus souvent. Elle ne semble pas avoir peur, en tout cas sa sortie, le boucher, c’est son lien social, dans ces commerces, beaucoup font plus que vendre, ils sont un liens vers l’extérieur pour des personnes seules et isolées. On rigole ensemble, le boucher arrive, on plaisante aussi avec lui, et je trouve cet instant de légèreté particulièrement agréable face aux visages fermés par la peur qui s’est installée au dessus de nos têtes.
Dans les rayons on trouve de tout mais depuis quelques semaines déjà, le magasin a du restreindre les quantités car les clients ne se restreignaient pas d’eux même.





Malgré les courses, ce soir on a envie d’un burger, alors si on tentait l’expérience en plein confinement ?
Après plusieurs recherches, on finit par trouver comment commander chez Vans Burger qui se trouve à 50 mètres de chez nous. Je commande sur leur site, il est 19h30. Le restaurant me téléphone et me dit qu’il ne peut pas donner de commande à emporter après 20h, il faut donc que je commande sur Uber Eats. Il faut que je précise en commentaire ce que je veux car le site d’Uber Eats ne semble pas à jour par rapport à la carte du restaurant. Je choisis donc des plats qui n’ont rien à voir avec ce que je veux en laissant en commentaire la commande que je souhaite recevoir, je calcule le prix pour faire une équivalent. Une heure plus tard, le livreur dépose ma commande sur le sol, il se recule, je récupère la commande. Tout est parfait à l’intérieur. En période de confinement rien n’est simple, et tout peut devenir anecdote.
Pendant ce temps, il se dit que la Chine aurait caché les chiffres des morts dans leur pays, Wuhan reconfine ses habitants, les américains achète sur le tarmac des masques destinés à la France en payant 4 fois le prix, la France intercepte une livraison de masques destinés à la Suède et le gouvernement a embauché quelqu’un pour organiser le déconfinement, on est sauvé !