Charlie,
Il y a ce petit logo qui devient une banalité, 19 jours après. Il est là, un peu partout et nulle part à la fois. Petit à petit, la vie a reprit son cours, les dessins fleurissent moins, reprendre une vie normale, partager moins d’horreurs, moins de sang, moins de massacres, moins de larmes.. fatalement moins d’humour aussi.
Un petit slogan que l’on promène encore où l’on peut.. Sur Facebook, Twitter, un site internet, sur sa voiture ou juste dans la rue.
Trois petits mots à la recherche d’un disparu, de quelque chose qui ne reviendra plus. Trois petits mots pour dire qu’on oublie pas, ou parce qu’on s’y habitue. Trois petits mots funeste arborés au nom de la liberté d’expression.
Des mots qui font débat sur qui l’est ou qui ne l’est pas, des mots associés parfois à des idées et des idéaux contraires, des mots capturés par des prêcheurs de mauvaises paroisses, des mots qu’on peut tous se demander s’il est légitime de les porter.
On a perdu Charlie un 7 janvier 2015 et depuis le soulèvement de foule s’est estompé, il faut reprendre le chemin de la vie malgré tout.
Depuis, l’écriture n’est plus aussi fluide, elle est hésitante. J’ai fais une photo, parce que c’est tout ce que je sais faire, une rose noire et un crayon rouge, j’ai porté ces trois petits mots, j’ai été Charlie, je suis Charlie, mais au fond, je le sais, ça ne fait pas tout. C’est comme un sombre décor auquel on s’habitue peu à peu, comme un paysage pluvieux qu’on regarde tous les jours et qu’on fini par ne plus vraiment voir.
19 jours après, je sais un peu mieux quoi écrire, je ne sais toujours pas quoi faire, mais je refuse de m’habituer à un sombre décor sans parfois prendre quelques instants pour en parler, je refuse de m’habituer à ce paysage sans parfois essayer d’y poser quelques mots… injustes.